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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 15:55

la-route-qui-mene-a-la-ville.jpg

Je dédie ce billet à mon ami Jean et à sa femme Claire

 

Dans un village italien, dans les années 40, Delia s’ennuie. A 17 ans, elle rêve de trouver l’amour et de vivre mille aventures. Il n’en est rien : solitaire au milieu d’une famille très traditionnelle, elle s’échappe quotidiennement pour aller en ville. Or, à cette époque, en Italie, il est mal vu pour une jeune fille de sortir seule et de fréquenter. Delia enfreint les interdits, et tourne autour des garçons, en particulier autour de son cousin Nini amoureux d’elle et du beau Giulio. Evidemment, Delia tombe enceinte et doit quitter les siens pour s’installer chez une vieille tante le temps que le mariage s’organise avec Giulio.

 

Comme vous pouvez le constater, l’histoire de La route qui mène à la ville (éditions Denoël) est simple, mais, l’auteur, Natalia Ginzburg, a voulu raconter une époque où les tabous et interdits étaient nombreux et la condition des femmes difficiles. Delia voudrait être une femme libre, à l’instar de sa sœur, mariée qui vit à la ville et se paie le luxe d’avoir un amant.

 

Mais Delia ne se contente pas de ce qu’elle a : un boulot (qui l’ennuie), un nourrisson (qui l’ennuie), et un mari, Giulio (qu’elle a épousé par obligation). D’ailleurs celui-ci, attaché aux traditions, souhaite qu’elle demeure au village et vive au sein de sa famille.

 

Dans ce court roman d’apprentissage, Natalia Ginzburg, égratigne, sans complaisance cette société où les femmes doivent se soumettre d’abord à leur père puis à leur mari. Delia est une jeune rebelle qui tente de sortir de sa morne existence Écrit sous pseudonyme en 1942, La route qui mène à la ville réparait aujourd’hui aux éditions Denoël avec une préface de Marie Darrieusecq.

 

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 14:08

le-royaume.jpgAprès de longs mois d’absence sur La Lettrine, me voici de retour. De nombreux projets ont conduit à cet éloignement : l’édition, l’enseignement spécialisé auprès de jeunes handicapés moteurs, différentes fonctions au rectorat. Et surtout, je dois l’avouer, un peu de lassitude… Le monde de la blogosphère a bien évolué depuis ses débuts et il m’a manqué d’énergie pour surnager parmi l’offre très riche proposée aujourd’hui.

 

Mais venons-en au cœur du sujet : la rentrée littéraire. D’emblée, elle semble plutôt « classique ». On retrouve les auteurs phares comme Emmanuel Carrère, l’immanquable Amélie Nothomb, Olivier Adam, Jean-Marie Blas de Roblès… On voit se profiler les listes des prix littéraires de cet automne. On observe les couvertures des différents magazines littéraires où sont mis à l’honneur ces auteurs. La part belle est faite à Emmanuel Carrère qui semble être le favori de cette rentrée. Il est à la Une du Magazine littéraire et de Lire, les médias, pour la plupart, le désignent comme l’auteur à lire en cette rentrée. Qu’à cela ne tienne : j’ai lu Le Royaume d’Emmanuel Carrère (chez POL).

 

Disons-le tout de suite : je suis partie avec un a priori positif. J’aime beaucoup Carrère, que ce soit ses fictions comme La Moustache ou La Classe de neige, comme ses récits personnels comme L’Adversaire ou Un roman russe (qui m’avait bouleversée). Un défaut m’agace pourtant dans ses textes, c’est son ton supérieur, ce besoin de répéter à l’envi qu’il appartient à un milieu intellectuel l’autorisant à regarder ses congénères avec un certain mépris. Je me souviens d’un passage d’Un roman russe qui m’avait particulièrement irritée : à l’époque, il était en couple avec une certaine Sophie qui n’appartenait visiblement pas à son milieu. Lors de dîners avec des amis cinéastes, journalistes, écrivains, Carrère se plaisait à échanger des points de vue sur des œuvres majeures avec la tablée. Parce qu’elle ne les connaissait pas et pour paraître moins stupide à l’avenir, la jeune femme avait pris l’habitude de noter ces œuvres et de les consulter. Or, au lieu de percevoir ce geste comme le désir de vouloir s’élever intellectuellement, Carrère au contraire le trouvait ridicule. Précisément, on retrouve ce travers dans Le Royaume.

 

Quel est le rapport entre ce travers et Le Royaume ? Vous avez dû lire partout que ce texte est une enquête sur l’histoire du début du christianisme et pour le moment, je reste focalisée sur Carrère et ses petits défauts. Justement : la première partie du livre peut dérouter car il n’est question que de lui, ses crises d’angoisse, ses phases de dépression et la découverte, en 1990, de la foi. Le « je » domine très largement ces pages où l’on apprend comment, alors qu’il est issu d’une famille plutôt éloignée de la religion, il a été amené, pendant trois années, à se rendre quotidiennement à la messe et à étudier avec une certaine maniaquerie l’Evangile de Luc et les épîtres de Paul. Chaque jour, en guise d’exercice, il note ses réflexions sur ses lectures bibliques. Les années passent, loin de l’église et de ces considérations sur Dieu. Tandis qu’il écrit le scénario pour une série télévisée, Les Revenants, où les morts ressuscitent, il se demande comment l’on peut croire à ce genre de miracle, ce qu’est la foi. Il décide donc dans un premier temps d’enquêter sur les Chrétiens et d’aller vers ces fidèles pour mieux les comprendre. Finalement, parce qu’il est le meilleur de ses sujets littéraires, il se rappelle de sa propre crise de foi remontant à plus de vingt ans. Il retrouve ses cahiers et ses notes de lecture et décide de les reprendre afin de mener une véritable enquête sur les débuts du Christianisme. On entre alors dans les trois autres parties du livre.

 

A ce moment-là, on a presque envie d’abandonner. On ne comprend pas bien la cohérence du livre : le ton change, Carrère semble s’effacer derrière ses exégètes, et surtout fait des analogies quelque peu farfelues, pour rendre cette époque plus proche de la nôtre. Il évoque Mel Gibson, Ben Laden, les Bolcheviques, Poutine, , Lucky Luke… Mais ces rapprochements m’ont souvent paru hors de propos. Deux personnages, témoins des premiers temps du christianisme sont cependant au cœur de ce projet : Luc et Paul. C’est grâce à eux que Carrère dépeint cette époque. Il se sent d’ailleurs particulièrement proche de Luc qui, comme lui, a la volonté se s’adresser aux croyants comme aux autres ; moins de Paul, si fanatique qu’il le compare dans sa démarche à Ben Laden.

 

Si tous ces récits m’ont moins plu, encore que j’ai dévoré les chapitres consacrés à Rome, j’ai cependant été très intéressée par son cheminement intellectuel, les liens qu’il tisse avec ses textes passés. A plusieurs reprises, par exemple, il revient sur son récit L’Adversaire, racontant le quotidien du mythomane Jean-Claude Romand. Cet homme l’a profondément marqué non seulement à cause de son acte (il a préféré tuer toute sa famille au lieu d’avouer ses mensonges) mais aussi de sa foi (il prierait quotidiennement en prison). Pour Carrère, Romand devrait entrer au Royaume des cieux puisqu’il représente l’humble, la brebis égarée, le paria. On comprend peu à peu le projet du Royaume, même si c’est au prix d’une lecture parfois fastidieuse : trouver une cohérence dans son œuvre. Et, effectivement, comme dans Un roman russe, l’épilogue justifie l’ensemble. Dans les dernières pages, il accepte de se rendre dans une association L’Arche, accueillant des personnes handicapées pour y tenter une expérience : laver et se faire laver les pieds comme Jésus avait l’habitude de le faire. Pour Carrère, ce moment est spirituel mais la journée se clôt sur un sentiment de gêne : les gens ainsi réunis se retrouvent à chanter « Jésus est mon ami ». Carrère n’a pas envie de se mêler à tous ces gens jusqu’au moment où une petite fille, trisomique, le regarde avec un sourire plein de naïveté et de joie de vivre. Il se laisse aller à la liesse générale et oublie ses préjugés. Le livre se termine sur la notion de fidélité : même s’il n’est plus l’homme qu’il fut pendant trois ans, il a écrit ce récit avec toute la bonne foi dont il est capable. Même si je n’ai pas été convaincue par ce livre dans son ensemble, je ne regrette pas de l’avoir lu car la quête existentielle de Carrère semble sincère. J’aurais aimé cependant plus de simplicité et une écriture, sans doute, plus soutenue.

 

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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 14:02

la-confrerie-des-chasseurs-de-livres-9782330022617_0.gifS’il est une très bonne nouvelle en cette rentrée littéraire, c’est l’émergence de romans français qui sont moins autocentrés. J’avoue avoir eu une certaine lassitude à l’égard de ces autofictions, plus ou moins masquées, dans lesquelles l’auteur se déversait prodigieusement.


Dans la sélection « Talents à découvrir Cultura », un roman m’a particulièrement enthousiasmée par son panache et  son érudition : La Confrérie des chasseurs de livres de Raphaël Jerusalmy. Ce normalien a voulu nous raconter l’histoire du livre et a pris pour prétexte la disparition du poète François Villon après avoir été condamné à l’exil. Puisque l’on ne sait rien de sa vie après sa libération de prison, Jesusalmy s’est donc emparé de son destin, et quel destin !


L’histoire commence en prison, dans la geôle de Villon condamné à être pendu. Un émissaire du roi Louis XI vient lui rendre visite pour lui proposer un marché : sa libération contre un service. Le poète doit convaincre un imprimeur allemand de s’installer à Paris pour combattre la censure papale. Villon accepte aussitôt et se retrouve en route pour une foultitude d’aventures à Jérusalem, accompagné de son ami maître Colin. On découvre alors la Jérusalem d’en bas de l’époque médiévale, ses mœurs et coutumes. Mais surtout, l’auteur multiplie les rebondissements car il n’est plus seulement question d’installer une nouvelle imprimerie aux idées progressistes à Paris mais d’entrer en contact avec la fameuse confrérie des chasseurs de livres qui s’est donnée pour mission de récupérer tous les manuscrits possibles afin de les divulguer au plus grand nombre. Evidemment, Villon est un libre-penseur qui ne peut se laisser guider au doigt et à l’œil. Car si on a fait appel à lui c’est que les uns et les autres ont des intérêts dans cette affaire : si Louis XI veut contrer la censure du pape, c’est pour mieux asseoir son autorité et si la confrérie chasse ainsi les livres, c’est pour assurer la survie du peuple juif.


Villon ne se laissera donc pas manipuler et même s’il est mené en Terre Sainte, il cherchera à échapper aux différentes injonctions en déjouant les pièges et prendra ses propres initiatives.


Jerusalmy a été fort inspiré de choisir le poète François Villon qui est à la fois un auteur inventif et audacieux mais aussi un voleur, un gredin, un rebelle. Les trente premières années de son existence nous sont bien connues puisque Villon les a racontées au cours de ses textes, et qu’il reste des témoignages de cette époque, mais la suite reste un mystère. Villon est donc le personnage romanesque idéal pour un auteur aussi érudit et inventif que Jerusalmy. La Confrérie des chasseurs de livres est un roman érudit, historique et même policier à l’écriture foisonnante et souvent burlesque. Bref, un roman inventif et stimulant.

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 16:07

il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes-de-marie-darrieussecq.jpgJe suis Marie Darrieussecq depuis des années avec un certain intérêt. J’avais lu avec amusement Truismes, roman que je trouvais audacieux ; je n’ai pas retrouvé ce grain de folie dans Naissance des fantômes, et étais restée de marbre à la lecture du Bébé. Enfin, après la polémique entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq, j’avais lu Tom est mort, beau roman, réaliste, dans lequel Camille Laurens y avait reconnu la trame de son texte autobiographique Philippe.

 

En découvrant les critiques souvent élogieuses du nouveau roman de Marie Darrieusdarrisecq Il faut beaucoup aimer les hommes (POL), j’avais très envie de le lire. Le titre, comme vous le savez sûrement, est inspiré de Marguerite Duras qui ajoute : « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter. » C’est exactement ce que raconte ce roman sentimental. Plus exactement : l'héroïne, quoi que lui inflige son amant, a très envie de le supporter car elle l'aime passionnément.

 

Solange, la trentaine, vit à Los Angeles, où elle est actrice. Elle tombe follement amoureuse d’un acteur noir, Kouhouesso, qui rêve de réaliser l’adaptation du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad au Camroun. Une passion commence entre les deux acteurs mais Kouhouesso se montre froid, distant, plus attaché à son projet qu’à la jeune femme prête à tout pour se faire aimer. Comme elle ne sait pas à quoi s’attendre avec son homme qui se rend en Afrique pour tenter de faire son film, Solange comble cette absence en recueillant un maximum d’informations sur l’Afrique à travers des sites sur Internet, la presse… car elle avoue ne rien connaître à l’Afrique.

 

En effet, tout l’intérêt de ce roman repose sur la façon dont Marie Darrieussecq aborde le thème de l’amour au sein d’un couple mixte qui plus est n’arrive pas à se rencontrer : Solange veut tout connaître de Kouhouesso, mais l’amant n’attend rien d’elle. Certes, ils s’aiment mais Solange n’est pas la raison de vivre de Kouhouesso. Alors que celui-ci veut accomplir différents projets professionnels, Solange n’a qu’un projet : vivre son histoire avec son amant. Au-delà de cette attente, l’auteur propose une réflexion sur l’identité à travers ses personnages acteurs qui doivent incarner des êtres : une femme et un Noir, avec tous les clichés qui leur sont associés : une façon d’être, des goûts, une culture, des revendications…

 

J’attendais beaucoup de la lecture d’Il faut beaucoup aimer les hommes, sans doute trop. Je suis restée un peu sur ma réserve. Peut-être à cause du personnage même de Solange, très naïve, passive et désespérément fleur bleue, incapable de sortir de cette passion univoque, capable d'accepter l'absence, de patienter sans savoir à quoi s'attendre. Peut-être à cause de cette écriture blanche proche de celle de Duras ou plus encore d’Annie Ernaux. Toutefois, Il faut beaucoup aimer les hommes est un roman intelligent, construit comme une tragédie classique, qui présage du pire. Un bon roman, donc, pour commencer cette rentrée littéraire!

 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 13:02

 

lacheb.jpgJe me suis, pendant une période, beaucoup intéressée à l’enfermement, et notamment aux prisons. J’ai ainsi lu des ouvrages comme Asiles de Goffman, Surveiller et punir de Foucault, ainsi que des mémoires d’anciens détenus, le livre polémique et très important Médecin chef à la prison de la santé de Sylvie Vasseur, ou encore Prison : Un état des lieux de l'Observatoire International des Prisons. Ces livres étaient passionnants et montraient soit les conditions de vie des détenus, soit leur psychisme, ou bien encore l’évolution de la société face à la réclusionvé. Bref, c’est un sujet qui me tient à cœur. Aussi, avais-je hâte de lire Scène de la vie carcérale d’Aïssa Lacheb (aux éditions Au Diable Vauvert). Hélas… J’ai été déçue : j'en attendais plus !


Si vous avez envie de lire des anecotes, violentes, parfois absurdes tant elles paraissent surréelles, vous serez servi. L’auteur détaille un certain nombre de crimes commis par des codétenus qui, pour la plupart, ne comprennent pas pourquoi ils se retrouvent enfermés pour des décennies. D’ailleurs, je n’ai pas boudé mon plaisir : Aïssa Lacheb a une manière agréable de nous raconter ses souvenirs de prison, si cruels soient-ils. Il a passé quinze ans en prison pour braquage, a séjourné dans divers établissements pénitenciers. Il est donc en mesure de faire une véritable expertise de cette vie en prison, même si elle remonte aux années 1980 et que la situation, sur plusieurs aspects, a évolué. Toutefois, au vu de son expérience et de sa manière d’écrire si vive et limpide, j’aurais aimé qu’il entre dans les détails, raconte plus précisément les anecdotes qu’il rapporte. Ce livre est loin d'être mauvais, mais on reste sur sa faim. On aimerait en savoir plus sur les conditions de vie des détenus. Toutefois, à la volée, on découvre par exemple que les détenus aiment mieux vivre dans des prisons d'autrefois aux prisons neuves car celles-ci sont trop aseptisées ; on apprend aussi, au détour d’une anecdote, comment s’organise le boulot pour les détenus qui le souhaitent, détenus qui, devenus salariés, sont redevables du loyer de leur cellule !

 

J’ai rencontré, à la librairie Atout-livre à Daumesnil, Aïssa Lacheb ainsi que certains membres de l’Observatoire International des Prisons. Le débat fut agité mais passionnant puisque nombre de spectateurs sont très engagés et connaissent donc très bien les conditions de vie des détenus, les problèmes de réinsertion. Les échanges furent vifs. Aïssa Lacheb a par exemple expliqué combien il est difficile de trouver un emploi quand on a un casier judiciaire. Aujourd’hui, il est infirmier, vacataire, mais son passé le rattrape souvent et il essuie de nombreux refus lors d'entretiens d'embauche. Cette réflexion, nourrie par les témoignages des spectateurs, fut très intéressante, même si elle est à peine esquissée dans le livre. Et cela, par exemple, m’a manqué.

 

Or, Aïssa Lasseb n’a pas écrit un livre sur ces différentes problématiques, il a voulu raconter au grand public des « scènes de la vie carcérale ». D’où ma déception. Et mon erreur. Pourquoi attendre autre chose que la promesse faite par l’auteur ? En l’occurrence nous rapporter les souvenirs d’un ancien détenu.  

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 11:25

maurice-careme.jpgPetite fille, j’aimais beaucoup la poésie, notamment celle de Maurice Carême. À l’école, on nous faisait apprendre ses poèmes que l’on illustrait dans un cahier qui leur était consacré. On apprenait aussi ces poèmes grâce au chanteur Henri Dès. Il me semble que ces poèmes, faciles d’accès, offrent une belle porte d’entrée au plaisir des jeux de mots et du langage.

 

Il se trouve que la chanteuse Domitille vient de faire paraître chez Naïve un CD accompagné d’un livret joliment illustré par Olivier Tallec. Le CD est constitué de vingt-cinq poèmes de Maurice Carême. J’ai redécouvert « Le Jardin du Luxembourg », « Trois escargots », « Les Oiseaux perdus », « Les Fées », « Le Brouillard ». Ces poèmes s’adressent aux tout petits. La voix est aigue, comment souvent l’aiment les enfants, mais juste et agréable, l’accompagnement musical est très simple, très doux. J’ai plus particulièrement apprécié les chansons jazzy comme « Quand il y a du vent », « Pour que tu dormes », « Il pleut sur la Seine »…

 

Ces mélodies lancinantes sont bien sûr un parti pris de la chanteuse qui a fait le choix de la douceur liée à l’enfance. Choix qui me semble logique : l’univers de Maurice Carême est très enfantin, naïf. Il n’y a pas l’once d’une cruauté ni de malice dans ses textes. En revanche, les enfants y développent le goût des jeux de mots et des rimes.

 

Je vous invite également à découvrir le site de la Fondation Maurice Carême.

 

 

Petite fille, j’aimais beaucoup la poésie, notamment celle de Maurice Carême. À l’école, on nous faisait apprendre ses poèmes que l’on illustrait dans un cahier qui leur était consacré. On apprenait aussi ces poèmes grâce au chanteur Henri Dès. Il me semble que ces poèmes, faciles d’accès, offrent une belle porte d’entrée au plaisir des jeux de mots et du langage.

 

Il se trouve que la chanteuse Domitille vient de faire paraître chez Naïve un CD accompagné d’un livret joliment illustré par Olivier Tallec. Le CD est constitué de vingt-cinq poèmes de Maurice Carême. J’ai redécouvert « Le Jardin du Luxembourg », « Trois escargots », « Les Oiseaux perdus », « Les Fées », « Le Brouillard ». Ces poèmes s’adressent aux tout petits. La voix est aigue, comment souvent l’aiment les enfants, mais juste et agréable, l’accompagnement musical est très simple, très doux. J’ai plus particulièrement apprécié les chansons jazzy comme « Quand il y a du vent », « Pour que tu dormes », « Il pleut sur la Seine »…

 

Ces mélodies lancinantes sont bien sûr un parti pris de la chanteuse qui a fait le choix de la douceur liée à l’enfance. Choix qui me semble logique : l’univers de Maurice Carême est très enfantin, naïf. Il n’y a pas l’once d’une cruauté ni de malice dans ses textes. En revanche, les enfants y développent le goût des jeux de mots et des rimes.

 

 

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 16:42

les pays et album marie helene lafonMarie-Hélène Lafon est un auteur qui me touche : ses romans sont des tranches de vie, d’hommes et de femmes issus du monde paysan, et écrits dans un style suranné. L’auteur vient de faire paraître, aux éditions Buchet-Chastel, deux textes : un roman d’apprentissage, Les Pays et un abécédaire, Album.

 

Dans Les Pays, Marie-Hélène Lafon raconte le parcours assez commun d’une jeune fille, Claire, qui « monte à » Paris. Sa première visite a lieu lors du Salon de l’Agriculture. Elle y accompagne ses parents paysans. Sa seconde venue à Paris est définitive : elle s’y installe pour pétudier les lettres classiques et devenir enseignante. C’est une rupture nette avec son premier pays.

 

Comme les autres romans de Marie-Hélène Lafon, Les Pays est un roman autofictif et pourtant il a cette particularité d’être mené à la troisième personne, ce qui crée une distance entre la narratrice et le lecteur. Cette écriture froide rejette toute empathie pour la jeune Claire. Le lecteur peut être dérouté par cette écriture rugueuse surtout s’il est habitué au lyrisme caractéristique du roman d’apprentissage.

 

Dans Les Pays, l’auteur raconte son « arrachement » à sa région auvergnate et son milieu rural. En lisant le parcours de Claire la menant de l’Auvergne vers Paris et une certaine élite sociale, on pense évidemment aux Lisières qui évoque cette fuite du milieu d’origine. Dans les deux romans, les protagonistes font le même constat : ils demeurent à la lisière, n’appartenant à aucun pays. Néanmoins, pour s’adapter à Paris où elle se sent étrangère, Claire décide de gravir les marches de l’échelle sociale de façon méthodique. Elle surmonte les humiliations de ses camarades qui perçoivent en elle une paysanne quelque peu inculte. Elle réussit à passer outre les difficultés et fait le constat qu’elle n’appartient à aucun pays sinon à la littérature.

 

Dans Album, Marie-Hélène Lafon dresse un abécédaire des mots qui lui sont chers et qui reviennent régulièrement dans ses textes, ceux de la campagne essentiellement. Il y a « bottes », « cochon », « lait », « hiver »… Ce sont de courts textes en prose poétique. J’y ai retrouvé le style que j’aimais tant de L’Annonce et que je n’ai pas reconnu dans Les Pays. Une écriture simple et poétique, où l’auteur dit son univers : son Cantal natal, les saisons, les odeurs, les animaux de la ferme…

 

Ces deux textes, Les Pays et Album sont très différents, mais se complètent judicieusement : si vous prenez le temps de vous laisser porter par cette écriture rugueuse, bien ancrée dans la terre, vous apprécierez ces livres profonds et poétiques.

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 11:46

christian-estebe-le-gardienne-du-chateau-de-sable.jpgLes éditions Finitude participent elles aussi à la rentrée littéraire avec un roman autobiographique, un « hommage » à la mère : La Gardienne du château de sable, de Christian Estèbe. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cet « hommage » est complexe, paradoxal, violent, et émouvant parfois.

 

Effectivement, ce roman ne peut être un  hommage simple et limpide parce que la vie de la mère du romancier fut jalonnée de malheurs. Celle-ci n’a pas connu un jour heureux : « Née de père inconnu, elle prend le nom de sa mère. Celle-ci se marie avec un homme dont je ne sais rien, sinon qu’il a un fils qui bientôt partagera la même chambre que la bâtarde, avant de partager son lit. Les hivers sont froids à Saint-Flour ». Christian Estèbe évoque sans tabou sa famille qu’il désigne comme « un troupeau perdu, de brebis égarées au milieu des loups de l’inceste ». Mais avec ce fardeau, difficile d’écrire avec légèreté, et rien d’étonnant si les protagonistes s’expriment comme des charretiers. Pas un seul n’a connu la tendresse ni le réconfort maternels.

 

Cette mère, la bâtarde, a vécu le désamour, l’abandon, l’inceste, et en grandissant n’a eu d’autres choix que de faire des ménages et quelques passes pour subvenir aux besoins de sa famille qu’elle traite avec beaucoup d’agressivité. Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que le ton du roman soit souvent dur, les paroles cassantes… La quatrième de couverture annonce un « hymne à la vie », je ne suis pas d’accord : les dernières pages se terminent sur la mort du père, atteint d’un cancer… Il s’agit plutôt d’un hymne à l’écriture, car dans cette famille atypique et quelque peu monstrueuse, le narrateur trouve un refuge en la littérature : écrivain, bibliothécaire, libraire itinérant, Christian Estèbe consacre son existence aux livres, domaine étranger aux autres membres de sa famille. Quand il offre ses livres à ses sœurs, elles s’empressent de s’en débarrasser : elles rejettent cet exercice cérébral consistant à ressasser le passé, à s’interroger sur leurs origines ou le sens de leur existence alors que l’auteur clame : « Je n’écris pas pour devenir riche et célèbre, j’écris simplement parce que moi aussi, je vais mourir ». Dans cette famille qui n’aspire à rien sinon à traverser la vie sans laisser aucune trace de son passage (le père comme la mère veulent donner leur corps à la science et être incinérés), Christian Estèbe souhaite dresser le « château de sable » de sa mère.

 

J’ai été secouée par ce récit poignant, violent, véritable tombeau littéraire d’une mère à l’existence misérable.

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 09:38

Les éditions Gaïa se lancent dans la course de la rentrée littéraire avec un roman aux allures autobiographiques, L'escalier de Jack de Jean Cagnard. Ici la bande-annonce du livre, très sympa.

Alors qu'en penser ? 

 

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 19:45

Zenith-hotel.jpgFaut-il encore préciser que j’aime le travail des éditions Finitude ? Leur catalogue (Jean-Pierre Enard, Paul Gadenne, Jean-Pierre Martinet, Georges Perros, H. D. Thoreau…), le choix de leurs couvertures, du papier, de la typographie… Tout est exceptionnel. Le livre relève du bel objet et le texte de l’œuvre littéraire. Tous ces textes ont un point commun : ce sont pour la plupart des rééditions.

En ce printemps 2012, les éditions Finitude, installées à Bordeaux, soufflent leurs 10 années. Pour fêter l’événement, la maison met à l’honneur un premier roman : Zénith-hôtel du jeune Oscar Coop-Phane.

J’ai d’emblée précisé que l’auteur était jeune parce que cela se ressent dans la manière de décrire les situations, les scènes crues… On perçoit, malgré la dureté du récit, une certaine fraicheur. La deuxième de couverture présente l’auteur comme un grand lecteur de Bove, Calet, Gadenne, Caleferte, etc., auteurs pour la plupart publiés chez Finitude. Or, c’est plutôt une bonne idée, en guise d’anniversaire, de proposer un texte qui rend hommage à ces auteurs, figures de proue de la maison d’édition.

Zénith-hôtel retrace les vingt-quatre heures de la vie d’une pute. On pourrait craindre une certaine vulgarité dans le récit, il n’en est rien. Ce qui intéresse Oscar Coop-Phane ce sont les portraits de cette Nanou et de ses clients, des gens simples, ordinaires, menant des existences tristes à pleurer. Certains passages sont assez crus et ce ne sont pas ceux que j’ai préférés car moins profonds que d’autres où l’auteur tente de montrer l’humanité de ces petites gens qui cherchent un peu de chaleur auprès d’une femme qui refuse tout affect. Et pourtant, Nanou apporte écoute, réconfort, consolation.

Le roman alterne les portraits des clients menés à la troisième personne et la carnet intime de Nanou dans lequel la prostituée évoque son travail, ses manies, ses clients.

Zénith-hôtel est un récit court, mais d’une grande tendresse. On s’attache à Nanou et à ces personnages fracassés comme ce pion qui se trouve seul auprès de sa femme peu compréhensive et de ses collègues je-m’en-foutiste. Tous ces clients sont des paumés qui espèrent trouver une bouée de secours en la personne de Nanou. 

A l’instar d’un Emmanuel Bove, le style est simple et il se dégage des portraits une certaine mélancolie qui n’est pas désagréable.

Pour faire un tour sur le site des éditions Finitude, cliquez ici !

 

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