L’écologie est l’un des thèmes de société qui passionnent les Français : depuis quelques années, on prend soin de prendre une douche plutôt qu’un bon bain, on trie nos poubelles, on se laisse tenter par les produits bio… Les politiques aussi ont vu l’opportunité que représente l’animateur Nicolas Hulot : tous ont signé son pacte écologique. Et même celui-ci a laissé planer le doute sur son éventuelle candidature aux présidentielles. Bref, l’écologie est au centre des débats.
En cette rentrée littéraire de janvier, l’écrivain et médecin Jean-Christophe Rufin publie un thriller, justement écologique, Le Parfum d’Adam (Flammarion). Dans la presse, avant sa parution, on nous annonçait que ce roman allait déclencher de nombreuses polémiques. En effet, Rufin veut y dénoncer une écologie terroriste telle qu’elle se pratique Outre-Atlantique. Il était, dimanche, l’invité du Bateau livre.
Selon Jean-Christophe Rufin, Le Parfum d’Adam n’est pas un roman d’anticipation : il décrit une réalité bien concrète. L’histoire est simple : l’héroïne, Juliette, une jeune française, libère des animaux de laboratoire. Mais, par ce geste militant, elle découvre ce qu’est l’écologie radicale. Rufin s’est inspiré, pour créer son héroïne, du canadien Paul Watson. Celui-ci s’est d’abord engagé aux côtés de Greenpeace dans les années 70, mais très vite, il s’est radicalisé et a crée Sea Shephered, association écologique très controversée. Son objectif est de lutter contre le massacre des baleines. Pour mener à bien cette action, on éperonne ou on saborde des navires baleiniers illégaux en pleine mer. Bref, on fait justice soi-même.
Rufin reconnaît qu’en France on a une vision de l’écologie très réformée, règlementée, idyllique. Mais aux Etats-Unis, on distingue différents courants : les humanistes qui veulent protéger la planète et les terroristes qui n’ont aucunes limites pour parvenir à leurs fins. Ces derniers pratiques une écologie radicale telle qu’elle a été pratiquée lors de son apparition, dans les années 20, à la même époque que les théories sur la pureté de la race. Jean-Christophe Rufin a voulu raconter une histoire décrivant un monde d’écologistes si amoureux des animaux qu’ils en arrivent à détester les Hommes.
Ce roman semble aller à contre-courant de ce qu’on peut voir actuellement sur les têtes de gondoles de nos librairies : non seulement il dénonce une certaine forme d’écologie, alors que ce thème a le vent en poupe, mais en plus, il alerte sur ses dangers puisque le FBI la considère comme la deuxième source de terrorisme mondial !